Ville morte.5
Il ne faut pas croire, mais les bars d'une ville morte abritent diverses douleurs.
Les bars sont des lieux comme ça, le dimanche. Les gens y viennent pour boire.
Les samedis soirs ils ont déjà trop bu. Ces noyades alcooliques, pour oublier
qu'ils existent, pour oublier leur souffrance. Le dimanche ils remettent ça.
Une bière, puis deux, puis trois. La souffrance, le dimanche. La solitude d'un
être, la solitude du contribuable lambda. Samedi soir il ne s'est rien passé.
Samed soir il n'y a pas eu de rencontres. Pas assez de vie
et de regards pour faire battre le coeur.
Elle entre donc dans ce café près de la gare. Des visages au raz des comptoirs
chromés. L'absence et le non retour se reflètent sur l'endroit lisse et argenté.
Le visage de sa voisine se reflète aussi sur l'ambulance lisse et blanche qui vient
chaque mercredi. Elle est pâle cette voisine. Elle boite, mais sourrit à demi.
Elle n'a jamais su si, un jour de pentecôte, cette femme avait tenté
de se jetter par la fenêtre de sa salle de bain si bien rénovée.
l'ennui peut nous gagner bien plus vite qu'on ne le croit.